Certification : la signature d'un vétérinaire est d'une grande valeur

Les vétérinaires sont quotidiennement en situation de devoir constater, attester, certifier en produisant un écrit qui les engage - novembre 2019.

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"L'acte de consommation repose sur un contrat de confiance concrétisé par le crédit accordé par le consommateur aux différents acteurs professionnels". Ainsi s'exprime un juge correctionnel alors qu'il entre en voie de condamnation, relevant l'importance centrale des vétérinaires habilités dans la certification des qualifications sanitaires des élevages, sous la responsabilité de l'Etat.

Indépendamment de leurs activités, des animaux qu'ils soignent ou expertisent, les vétérinaires sont quotidiennement en situation de devoir constater, attester, bref de certifier en produisant un écrit qui les engage en tant que professionnels et dont ils assument la responsabilité. La signature d'un vétérinaire est d'une grande valeur. C'est pour préserver collectivement la crédibilité de cette signature qu'il est justifié que la profession vétérinaire soit règlementée et organisée en un ordre professionnel, en un mot que l'indépendance professionnelle des vétérinaires leur soit garantie et protégée par la loi.

Chaque vétérinaire doit être absolument conscient qu'il détient entre ses mains une prérogative, celle d'attester en apposant sa signature sur un document dont celui qui le détient pourra faire usage pour faire valoir ses droits.

Dès lors, chaque vétérinaire doit être rigoureux et précis lorsqu'il rédige un certificat en n'affirmant que des faits dont il a vérifié lui-même l'exactitude. Il doit savoir être intransigeant, se départir de tous liens ou conflits d'intérêt, sans pour autant user de ce pouvoir en excès pour en tirer un avantage particulier : c'est une question d'éthique et de déontologie ! Il n'y a pas de petits certificats auxquels ne serait attachée aucune conséquence pouvant justifier un début de complaisance. La compromission pour plaire à un tiers ou esquiver les conflits, le chantage ou le risque de perdre un client, est une bombe à retardement qui tôt ou tard viendra questionner la responsabilité disciplinaire, civile ou pénale du vétérinaire, mais au-delà interrogera son éthique, voire sa morale, bien évidemment sa responsabilité sociétale.

Le fardeau est bien lourd à porter pour un bénéfice à court terme, par essence versatile face au venin du doute, de la suspicion, in fine de la déconsidération ou de la défiance envers un corps professionnel jusqu'ici reconnu et plébiscité. Pour autant, il ne serait pas acceptable de ne faire reposer la sanction que sur les seuls vétérinaires. Je n'hésiterai pas à dénoncer la chaîne des responsabilités et les acteurs de l'amont ou de l'aval concernés qui font du vétérinaire une cible parfaite, un fusible corvéable, le maillon qui concentre les multiples pressions. Les certificats négociés d'Etat à Etat pour le commerce d'animaux ou de produits d'origine animale ne doivent pas être une source d'insécurité pour les vétérinaires. Les conditions dans lesquelles les vétérinaires interviennent doivent être respectueuses, en toute sécurité des professionnels.

Les actes nécessaires à la certification des qualifications sanitaires des élevages ou des animaux doivent être indemnisés au prix juste. Ce sont là les conditions d'un environnement propice à la pratique par le vétérinaire d'un acte de qualité, fiable et opposable. Les pressions exercées ainsi que le chantage au changement de vétérinaire sont inqualifiables. J'envisage de prendre très rapidement des initiatives auprès des autorités concernées pour retrouver une sécurité et une protection maximale des vétérinaires lorsqu'ils sont en situation de devoir certifier.

Alors qu'il se pose de manière aiguë la question de l'attractivité du métier de vétérinaire dans les territoires ruraux, il serait dommageable que la certification devienne un acte de mal-être des vétérinaires de nature à les voir fuir l'exercice de la médecine et de la chirurgie des animaux. Le vétérinaire devient un bien précieux, il est grand temps de penser à le préserver et à le protéger.