Classes préparatoires intégrées, une voie complémentaire de recrutement des vétérinaires !

Le rayonnement du corps professionnel des vétérinaires est le fruit de la diversité des métiers exercés et de la richesse scientifique qu'il produit - février 2020.

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L'annonce récente des ministres en charge de l'agriculture et en charge de l'enseignement supérieur, du lancement d'une voie d'accès postbac aux écoles nationales vétérinaires en 2021, concrétise un double constat exprimée de longue date par le Conseil national de l'Ordre et le Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL) : La durée des études en France est la plus longue d'Europe et les classes préparatoires aux grandes écoles ne sont plus garantes d'une diversité des profils souhaités pour irriguer la pluralité des métiers vétérinaires.

Il s'agit bien d'une voie complémentaire et non substitutive du concours A, en visant des bacheliers dont l'excellence du dossier scolaire aurait dû les conduire à postuler aux classes préparatoires mais qui, rebutés par les deux années de fort investissement personnel qu'elles représentent à un moment de leur vie où ce sacrifice n'est plus naturellement consenti, s'y refusent et font le choix de s'expatrier ou tout simplement d'une autre orientation. L'investissement financier des familles peut ne pas être, non plus, étranger à ce choix, dès lors subi.

Ne nous trompons pas, la pression de sélection des cycles préparatoires intégrés (CPI) sera équivalente sinon supérieure à celle du concours A. Entre dix et vingt mille vœux sont attendus sur Parcoursup pour 160 places. Les candidats feront l'objet d'un processus de sélection rigoureux, sur des critères objectifs, par des épreuves intégrant les concepts pédagogiques les plus récents en la matière.

Cette décision courageuse est à saluer. Elle tranche un débat difficile parfois houleux entre acteurs de ce dossier. Elle complète l'augmentation significative du nombre d'étudiants recrutés, décidée par le ministère de l'agriculture pour répondre aux tensions sur les besoins en diplômés vétérinaires exprimés par la profession. J'évoque principalement la question du recrutement dans le secteur libéral de la médecine et de la chirurgie des animaux de compagnie puisqu'il est maintenant admis que celle de la présence vétérinaire dans les territoires ruraux dépend moins du nombre de vétérinaires inscrits au tableau de l'Ordre que des mesures de motivation et d'incitation à un exercice professionnel que seuls les déterminants d'une économie de marché ne permettent plus d'équilibrer, ni de garantir sur le long terme. Il est aussi attendu un regain d'intérêt des étudiants vétérinaires pour entamer des carrières plutôt longues dans le secteur de la recherche, jusqu'ici dégradées par la durée des études vétérinaires au regard des autres filières d'accès. Le rayonnement du corps professionnel des vétérinaires est le fruit de la diversité des métiers exercés et de la richesse scientifique qu'il produit.

En réalité, la communauté vétérinaire rejoint un vaste mouvement initié par bon nombre de corps de métier en relation avec la communauté éducative visant à faire reposer la sélection de leur filière de formation sur des considérations pédagogiques actualisées et sur une somme de connaissances en rapport avec la finalité qui est d'exercer un métier avec des besoins identifiés. Loin de nuire à la qualité du recrutement vétérinaire, il est attendu que les CPI, par l'innovation suscitée, dynamisent la filière de formation vétérinaire et l'enrichissent d'un ensemble de talents aux profils complémentaires.

"Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m'enrichit" Antoine de SAINT EXUPÉRY