Hommage : Docteur-vétérinaire Lucien Seynave

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Hommage de Michel Baussier

Le Docteur vétérinaire René-Lucien SEYNAVE, ancien contrôleur général vétérinaire, ancien directeur des abattoirs communautaires et du MIN de Lomme, ancien expert FAO, membre de l'Académie vétérinaire, nous a quittés le samedi 26 mars 2016 à l'âge de 86 ans.

Cet homme intelligent, travailleur, à l'écoute chaleureuse des autres, riche d'une grande humanité, qui avait su compléter sa culture scientifique et vétérinaire d'une formation juridique de haut niveau, avait été à plusieurs reprises sollicité par l'Institution ordinale à laquelle il avait beaucoup apporté, avec la modestie qui le caractérisait.

L'Ordre national des vétérinaires, attristé et peiné, gardera René-Lucien Seynave dans sa mémoire.

A Paris le 31 mars 2015

Michel BAUSSIER, Docteur-vétérinaire

Président du Conseil national de l'Ordre


Hommage de Jean-François Rubin

Notre confrère René Lucien Seynave fait partie des vétérinaires capables de marquer une vie professionnelle lors d'une simple rencontre. Ce fut mon cas.

Découvrir son nom dans les hommages rendus sur le site ordinal m'a en effet remémoré l' " abattoir " de Phnom Penh, vers 4 heures du matin, où nous nous sommes rendus ensemble. J'étais au Cambodge depuis quelques années (où je coordonnais les missions de Vétérinaire Sans Frontières dans le pays et en Asie du Sud Est) lorsque l'Ambassade de France m'a demandé, comme un service, de rencontrer et guider un consultant venu de France pour se pencher sur le circuit de la viande de porc à Phnom Penh.

C'est avec quelque a priori que j'ai rencontré le Dr Seynave pour définir les contours de ce qu'il souhaitait. Cela n'aurait pas été le premier consultant parachuté, certainement très érudit d'études diverses, imprégné d'une culture de la coopération " africaine " et déconnecté des réalités du terrain, que j'aurais à accompagner !

Dès le premier rendez vous, le tourbillon m'a emporté.

J'ai rencontré, d'abord, un confrère, au sens parfois oublié du terme, un vétérinaire qui m'a accueilli comme son égal, plus que je ne l'ai sans doute fait, et qui m'a immédiatement fait ressentir notre communauté de formation et d'appréciation des choses.

J'ai rencontré, ensuite, un authentique homme de terrain comme je ne croyais plus qu'il en existait dans ce milieu, cela s'est immédiatement traduit par un rendez vous pris pour une visite nocturne aux " abattoirs " de Phnom Penh.

J'ai rencontré, enfin, un homme sachant faire fi des dogmes et du confort qu'ils procurent. Le projet de réhabilitation des abattoirs, pré avancé par l'Ambassade, s'est trouvé bien vite balayé en vertu d'un pragmatisme lucide.

Nous voilà donc dès 4 h du matin, en périphérie de Phnom Penh, aux " abattoirs ". En quelques observations pertinentes, exprimées en mots simples et didactiques, en étant immédiatement dans le bain, donnant un coup de main d'un côté, un conseil d'un autre, comme s'il avait toujours été là, dans un contexte à rendre végétarien n'importe quel observateur, il m'a donné, sans jamais en avoir l'air, une leçon de métier, une leçon d'humilité et de jeunesse, bref, une leçon de vie.

Quand je repense à ces instants, je ne peux m'empêcher d'avoir en tête quelques vers du poème If de Rudyard Kipling (traduits par André Maurois), illustrant quasi parfaitement le souvenir que j'ai de René Lucien Seynave :

... Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

.../...

Si tu sais méditer, observer et connaître Sans jamais devenir sceptique ou destructeur

.../...

Si tu sais être bon, si tu sais être sage Sans être moral ni pédant

.../...

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à jamais tes esclaves soumis...

J'ai le regret de ne pas avoir fait la démarche d'aller le rencontrer après mon retour pour lui témoigner du souvenir qu'il m'avait laissé, et, sûrement, découvrir que le reste des vers de ce poème était aussi sien.

Jean François RUBIN, Président du CROV Champagne-Ardenne