Prévention
3ème phase de l'étude sur la santé des vétérinaires
La santé des vétérinaires français : burnout, idéations suicidaires, engagement et soutien organisationnel. Une approche longitudinale.
Le professeur Didier Truchot a publié son 3ème rapport de recherche consacrée à la santé au travail des vétérinaires français et effectuée pour le Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires et Vétos-Entraide. Menée sur une période de 33 mois, cette enquête apporte un éclairage inédit sur la chronicité du burnout et des idéations suicidaires dans la profession, tout en explorant les facteurs de protection et d’engagement.
Des stresseurs persistants et de nouvelles sources de tension
Les résultats confirment que certains facteurs, comme la charge de travail, la crainte de l’erreur et, dans une moindre mesure, la peur d'être blessé, exercent un effet pathogène durable sur la santé mentale des vétérinaires. Aux stresseurs habituels, comme les conflits avec les collègues ou le travail interrompu, s’ajoutent désormais les comportements problématiques des propriétaires d’animaux, en augmentation depuis la crise du Covid, qui alimentent la démotivation et l’épuisement émotionnel.
La santé psychologique et physique dépend également de caractéristiques psychologiques, comme le workaholisme.
Engagement et satisfaction : des paradoxes
Malgré un niveau élevé de burnout, une proportion significative de vétérinaires reste fortement engagée dans leur activité. Cet engagement n’est pas directement corrélé au burnout, ce qui crée des profils contrastés : certains praticiens très investis présentent peu de signes d’épuisement, tandis que d’autres maintiennent un haut degré d’engagement malgré un burnout sévère.
La satisfaction professionnelle connaît de fortes disparités. Les vétérinaires plus âgés et les libéraux se déclarent plus satisfaits que les jeunes praticiens salariés. Les praticiens équins apparaissent également plus satisfaits que leurs confrères de canine, pratique pourtant très prisée par les étudiants, mais associée à une moins bonne santé psychologique.
Le soutien organisationnel demeure une ressource majeure. Il est clairement associé à une meilleure santé psychologique et à une satisfaction professionnelle plus élevée, même si son effet modérateur face aux stresseurs reste limité. Autre constat préoccupant : ce ne sont pas les vétérinaires les plus en détresse qui bénéficient de plus de soutien, mais ceux qui disposent déjà de ressources internes solides.
Des pistes d’action pour la profession
Ces résultats soulignent la nécessité de renforcer les dispositifs de prévention et d’accompagnement au sein de la profession vétérinaire. L’amélioration du soutien organisationnel, la reconnaissance des nouvelles sources de tension dans la relation client, et la prise en compte des mécanismes psychologiques sous-jacents au burnout apparaissent comme des leviers prioritaires pour préserver la santé des vétérinaires.
Consulter le rapport sur la santé au travail des vétérinaires