Le caducée

Emblème des corps de santé, le caducée trouve son origine très loin dans l'histoire de l'humanité.

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Il faut rechercher l'origine du caducée dans la mythologie grecque ou romaine. Il est l'attribut de deux divinités : Hermès (Mercure) et Asclépios (Esculape). Il existe donc deux légendes différentes et deux caducées différents.

Le caducée de Mercure

Mercure, fils naturel de Zeus est le dieu du crépuscule. messager des dieux, il est le symbole de l'activité, du commerce, des voyageurs, de l'éloquence. Il est aussi le dieu de la pénombre et, par suite, des voleurs qui attendent l'obscurité pour accomplir leurs mauvaises actions.

Ainsi, un soir, il dérobe à Apollon, son demi-frère, un magnifique troupeau de cinquante génisses en prenant d'ingénieuses précautions pour dissimuler les traces de son larcin. "Les sabots de devant étaient placés en arrière et les sabots de derrière en avant, lui-même, comme les génisses, marchait à reculons". Dévoilé, après l'intervention de Zeus, il donne à Apollon pour rentrer en grâce, le secret de la lyre qu'il venait d'inventer en tendant des cordes sous une carapace de tortue. Celui-ci, flatté dans son amour propre de Dieu de l'Harmonie et de la Musique, pardonne et remet à Mercure, pour sceller la paix, le caducée, baguette magique de la richesse et de la félicité qui, d'après Homère, "lui sert, au gré de ses désirs, à charmer les dieux et les hommes ou à réveiller ceux que le sommeil a domptés". le caducée devient ainsi le principal attribut de Mercure qui l'utilisera désormais pour conduire les âmes aux enfers.

Le caducée proviendrait lui-même du devin Tirésias. Celui-ci rendu aveugle par Athéna (Minerve) qu'il avait surprise toute nue alors qu'elle se baignait avec les nymphes, aurait reçu de la déesse offensée mais secrètement compatissante, outre le don de comprendre le langage des oiseaux, "un bâton de cormier avec lequel il conduisait aussi sûrement que ceux qui voyaient".

Le caducée, qui était fort simple à l'origine se compliqua de plus en plus par la suite. D'abord constitué par une simple baguette d'olivier, de sorbier ou de laurier, on commença à le prolonger par une sorte de couronne circulaire surmontée d'un croissant, de façon à former un chiffre 8 dont la boucle supérieure était ouverte vers le haut.

La fable raconte que Mercure sépara un jour de son bâton magique deux serpents qui se battaient : les deux reptiles, subitement calmés, s'entrelacèrent autour de la tige d'olivier et le caducée, ainsi complété, devient le symbole de la paix. Mais Mercure, messager rapide et infatigable, mit pour aller plus vite, des ailes à ses sandales, ces mêmes ailes furent ajoutées à son caducée.

Ainsi la signification symbolique du caducée de Mercure s'établit clairement : la baguette signifie le pouvoir, les serpents la prudence, les ailes l'activité.


Le caducée dont se réclament plusieurs professions médicales est diversement composé. Généralement, il est figuré par une tige centrale, terminée en haut, soit par un bouton ou une flamme, soit encore par un miroir ovale. Autour de cet axe s'enroulent tantôt un serpent, la tête tournée en haut, tantôt deux serpents entrelacés dont les têtes dressées se font face de part et d'autre de l'extrémité supérieure de la tige. Il en est enfin auxquels s'ajoutent deux ailes d'oiseau déployées transversalement.

Le caducée utilisé dans la profession vétérinaire est fortement inspiré de celui des médecins : faisceau de baguettes autour duquel s'enroule un serpent et que surmonte un miroir. L'originalité pour les vétérinaires réside dans le "V".


Le caducée d'Esculape

Le caducée d'Esculape est d'une autre légende. Esculape est souvent représenté debout tenant à la main un bâton de pèlerin, symbole du voyageur universel, avec un serpent enroulé autour du bâton. Le serpent est symbole du savoir : le serpent, en s'insinuant dans les fissures de la Terre, était sensé connaître tous les secrets, les vertus des plantes médicinales, les mystères de la mort.

On raconte qu'Esculape avait vu venir à lui un serpent, la gueule menaçante. D'instinct, il avait tendu en avant le bâton qu'il tenait à la main, et après que la bête s'y fut enroulée, il en avait frappé le sol avec violence et du coup étourdi l'animal. Il introduisit alors certaines herbes dans la bouche du reptile et le ramena ainsi à la vie. Celui-ci devait à jamais lui rester attaché en signe de reconnaissance. La science des plantes médicinales d'Esculape se trouvait affirmée et, du même coup, son empire sur le serpent.

On prit ainsi l'habitude de faire figurer auprès d'Esculape un serpent enroulé autour du bâton sur lequel s'appuyait le dieu de la Médecine, ce fut son premier "caducée".

Le caducée d'Esculape conserve le bâton et le serpent, indice du pouvoir de guérir et troque les ailes, soit pour une coupe (source de bienfaisance), soit pour un miroir, c'est à dire, selon Littré, un miroir métallique sur lequel sont gravés légèrement des signes cabalistiques, assez distincts pour être vus sans troubler les reflets du miroir. Avec ce miroir, on devait apercevoir les choses éloignées ou dominer l'avenir : le diagnostic et le pronostic. C'est ce caducée d'Esculape auquel on a ajouté un V qui est devenu l'emblème de la médecine vétérinaire.

 

Article rédigé par le DV Jean-Pierre KIEFFER pour la revue n°31 (novembre 2007) de l'Ordre des vétérinaires.

Sources : Professeur C. Bressou (revue AC, janvier 1964) et Dictionnaire Littré

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