Enfin, un nouvel horizon pour les vétérinaires

Edito paru dans la revue de l'Ordre des vétérinaires n°79 de novembre 2021

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Il est dans une vie professionnelle des moments clés qui voient se concrétiser des dossiers majeurs pour l’avenir de la profession vétérinaire, dossiers souvent initiés plusieurs années avant et qui ont demandé des efforts conséquents pour les faire prospérer.

C’est le cas aujourd’hui du dossier du maillage vétérinaire initié en 2016 par le SNVEL et de Calypso initié la même année par l’Ordre des vétérinaires, l’un et l’autre ayant bénéficié d’un soutien fort des organisations professionnelles vétérinaires. Monsieur le Ministre en charge de l’Agriculture vient de lancer la phase opérationnelle, tout en adressant un message crucial et attendu aux vétérinaires qui sont aujourd’hui en plein doute quant à leur motivation et leur vocation à exercer en zones rurales auprès des animaux de rente.

Les dispositions permettant aux collectivités territoriales d’aider les vétérinaires et les étudiants vétérinaires sont maintenant opérationnelles à la suite de la publication de l’arrêté listant les départements éligibles et de la volonté affichée d’en confier le pilotage au plus près du terrain.

L’objectif recherché est de préserver dans tous les territoires un maillage vétérinaire suffisamment efficient pour assurer une prise en charge des soins aux animaux dans un temps compatible avec leur état de santé et leur bien-être. La présence et la disponibilité des vétérinaires est au cœur de cet enjeu et de ses conséquences en matière de santé globale !

Ces dispositions, aussi importantes soient-elles, ne seraient rien sans un dispositif d’accompagnement visant préalablement à l’octroi d’aides, à ce que chaque projet vétérinaire s’inscrive dans une approche d’aménagement du territoire. En cela, le déploiement de six diagnostics de territoire bénéficiant d’un soutien financier ministériel est le gage d’une démarche construite, robuste, utile, mobilisant tous les acteurs concernés, territoire par territoire. Il est attendu de ces travaux exploratoires une méthodologie de diagnostic transposable mais aussi, en fonction des problématiques spécifiques par typologie de territoire, une boîte à outils de référence capable de suggérer des solutions adaptées au plus près des besoins des acteurs et des zones en difficulté.

Calquer les solutions de médecine humaine à la profession vétérinaire aurait été une stratégie simpliste vouée à l’échec. Gageons que l’intelligence collective sera source de propositions adaptées, pragmatiques et pérennes, tout en prévenant les opportunismes à la recherche d’effets d’aubaine.

Le processus engagé, vital pour l’exercice vétérinaire en zones rurales pour les animaux de rente, sera au surplus nourri des autres dossiers toujours d’actualité que sont la télémédecine vétérinaire, l’accès aux données des élevages, la correction des effets délétères du suivi sanitaire permanent sur le réseau vétérinaire de proximité, la délégation d’actes vétérinaires au sein des établissements de soins vétérinaires ou la participation équitable des vétérinaires à la permanence des soins. Bref, la contractualisation à bénéfices réciproques entre éleveurs et vétérinaires s’impose comme le liant entre tous ces sujets.

Une vague puissante d’évolutions essentielles pour l’exercice vétérinaire se lève. Il revient à chacun de nous d’être acteur des innovations qu’elle porte sans perdre nos valeurs et sans se départir des ambitions qui font la profession vétérinaire : la santé publique, la santé animale dont le bien-être animal, et la sécurité sanitaire des aliments.

Je tiens à remercier Monsieur Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, pour ce nouvel horizon donné aux vétérinaires, acteurs légitimés des politiques publiques d’aménagement des territoires.